HUMANS OF EM - Thibault Ferrand
- Déclic
- 30 avr.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 15 minutes

Bonjour, peux-tu te présenter ?
Je m'appelle Thibault Ferrand, diplômé de l’EM Lyon depuis 2014. J’ai été président d’eMicrOcrédit en 2011, une association qui a depuis évolué pour devenir le Noise. J’ai pris la suite d’Elsa Martineau, qui avait structuré l’initiative étudiante en association. J’étais donc le deuxième président officiel.

Comment l’association fonctionnait-elle à ton époque ?
Le cœur de l’activité tournait autour de l’entrepreneuriat social, avec deux axes : le microcrédit et la microfinance.
Sur la partie microcrédit, on collaborait avec l’ADIE (Association pour le Droit à l’Initiative Économique). On formait des jeunes de 18 à 30 ans qui souhaitaient monter leur boîte. On intervenait sur les aspects "étude de marché" et "business plan", lors de sessions de quatre heures, deux fois par semaine. Il s’agissait de petits groupes, une dizaine de participants à chaque fois, en mode conférence.
L’autre pan de notre activité concernait la microfinance. On travaillait avec une IMF (Institut de Micro-Finance) appelée Babylon. On sélectionnait trois projets dans le monde et on levait des fonds auprès des étudiants de l’EM. C’était un système de prêt sans risque, garanti par Babylon, un peu comme du crowdfunding. Les étudiants pouvaient récupérer leur mise ou la réinvestir dans un autre projet. Il y avait une vraie logique de finance solidaire.
Comment perçois-tu aujourd’hui l’évolution du discours autour de la finance verte ?
Je suis jury aux oraux de l’EM, et aujourd’hui, dès qu’un candidat parle de finance, il sent qu’il doit parler de finance verte ou durable. Mais souvent, c’est du greenwashing : ils n’ont pas vraiment creusé le sujet. Cela dit, certains anciens du Noise bossent dans des structures de finance éthique, des vraies. C’est autre chose que de vanter les engagements de la BNP ou de la SG. Le problème, c’est qu’intégrer des critères environnementaux dégrade souvent la rentabilité, et peu de gens sont prêts à l’accepter. Il faut une vraie logique économique derrière.
Tu te souviens de ta campagne associative ?
Oui, j’avais listé PP. À mon époque, il n’y avait pas encore de système de coach. Le bizutage était interdit. Les coachs s’appelaient “chefs pipos” pour les hommes et “chefs pipettes” pour les femmes. Ils venaient de la promo précédente. La grosse épreuve, c’était le dîner prestige, organisé pendant la campagne.
As-tu poursuivi dans l’ESS directement après l’école ?
Non. Je me suis orienté vers la supply chain, en faisant un double parcours avec Centrale Lyon. C’est l’ancienne présidente d’eMicrOcrédit qui m’avait parlé de cette possibilité. J’ai toujours dit aux ingénieurs que je ne voulais pas faire leur job, mais que j’avais besoin d’une légitimité pour les diriger. J’ai travaillé dans le ferroviaire à Taïwan, puis j’ai rejoint une boîte de déstockage qui ouvrait 10 bureaux d’achat dans 10 pays. Pendant un an et demi, je prenais l’avion tous les week-ends : Inde, Bangladesh, Philippines, Indonésie, Thaïlande, Vietnam, Colombie, Mexique, Argentine…
Et après cette aventure ?
Je suis rentré en France en 2019. J’ai travaillé 6 mois avec un incubateur pour me remettre à jour sur l’entrepreneuriat. J’ai eu une première idée de boîte, j’ai même fait une étude de marché poussée, mais je ne l’ai pas lancée. En 2022, avec un ami de classe prépa, on a lancé une boîte B2B. On vendait des tentes de toit et des malles de voyage pour transformer une voiture en mini camping-car. On visait les concessions et les loueurs. Mais le marché n’a pas accroché comme on l’espérait, et on a liquidé l’entreprise.
En quoi ton expérience à eMicrOcrédit t’a servi par la suite ?
Mon rôle m’a appris à motiver une équipe, à créer un vrai engagement collectif. On avait aussi un bon lien avec l’extérieur, notamment grâce à notre collaboration avec l’ADIE, qui nous apportait une certaine légitimité.
C’était formateur, surtout en termes de gestion de projet et de relation partenariale.
En réalité, l’associatif, c’est ce qui donne le plus de sens à tes années à l’EM. Ensuite, une fois diplômé, tu passes à autre chose.

Penses-tu que cette expérience soit transposable en entreprise ?
Oui, complètement. Il y a plein de choses à créer autour de la finance éthique. Le vrai défi, c’est le modèle économique. Beaucoup de structures dépendent de subventions. Et je ne me sentirais pas forcément légitime pour travailler dans ce secteur : des profils issus de formations spécialisées comme l’école des 3A sont peut-être mieux armés et moins gourmand en salaire.
Quand j'étais dans le déstockage, je recrutais des directeurs de pays. Etant donné que j'avais eu ce job relativement jeune, j'embauchais des jeunes sortis d’école.
Un dernier conseil pour les étudiants ?
Partez loin, le plus tôt possible, idéalement hors d’Europe.
Choisissez un boss, pas un job : c’est lui qui vous donnera envie de vous lever le matin.
Travaillez votre réseau. Les opportunités viennent souvent des n+1, n+2, n+3, via des liens forts : sport, musique, peu importe. Si vous êtes timide, fixez-vous des objectifs simples, comme “rencontrer trois nouvelles personnes cette semaine”.
Testez, essayez, notez ce que vous aimez ou pas.
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