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HUMANS OF EM - CLÉMENCE DE SAINT CÉRAN

Dernière mise à jour : 18 juil.



Aujourd’hui cofondatrice du cabinet de recrutement Rosen & Beaumont, Clémence de Saint Céran a été vice-présidente de la JE de l’emlyon en 2003. Retraçons ensemble son aventure entrepreneuriale, de son parcours étudiant à aujourd’hui.


Clémence de Saint Céran
Clémence de Saint Céran

Comment se sont passés vos débuts professionnels ?


Après l’école, j’ai eu du mal à trouver ma voie : j’ai d’abord fait des stages en marketing comme assistante chef de produit, puis j’ai travaillé dans les instituts d’études comme la Sofres ou Research International. Mais j’ai rapidement compris que ce n’était pas fait pour moi : trop analytique, trop abstrait. J’ai fini par poser ma démission du jour au lendemain. Je suis alors partie dans une direction totalement opposée : le commercial, dans l’informatique. J’avais envie de concret, de relation humaine, d’impact direct. Je suis donc devenue commerciale en société de conseil, puis dans l’édition logicielle. C’était une époque très dynamique avec l’arrivée du SaaS, un vrai tournant dans le secteur. Ce que je cherchais, c’était la possibilité de voir l’impact réel de mes actions, de faire avancer les choses.



Vous soulignez un manque de valorisation du concret dans les écoles de commerce. Pourriez-vous développer ?


Oui, je trouve qu’on valorise beaucoup les carrières en stratégie, en finance, dans des métiers très abstraits, au détriment des rôles plus opérationnels. Pourtant, dans le contexte actuel, ce sont les profils commerciaux qu’on recherche. Ce sont eux qui font avancer les entreprises, en apportant du chiffre et en créant du mouvement. Mais à l’école, on nous forme à “manager la force de vente”, pas à vendre nous-mêmes. Peut-être que pour l’image de l’école, la vente est perçue comme trop basique, pas assez “prestigieuse”. Heureusement, l’expérience associative permet malgré tout de toucher du doigt cette réalité : si on ne se bouge pas, il ne se passe rien.



Pourriez-vous nous parler, justement, de votre expérience associative au sein de la JE ?


La Junior Entreprise occupait une place centrale dans la vie de l’école, littéralement et symboliquement. Nos locaux étaient situés juste à côté de la cafétéria, en plein cœur du campus, ce qui favorisait énormément les échanges et le dynamisme. Toutes les assos étaient rassemblées dans un même espace, et ça fourmillait de monde ! On croisait constamment des gens en phoning, en réunion… On vivait vraiment l’énergie de l’école de l’intérieur. Ce cadre a beaucoup contribué à créer un fort sentiment d’appartenance. D’ailleurs, je garde encore aujourd’hui des liens très forts avec plusieurs personnes de la JE.



Quel type d’expérience professionnelle offrait la Junior Entreprise ?


"c’était très varié : études de marché, analyses quantitatives ou qualitatives, études stratégiques… Une vrai plongée dans le monde pro"

La JE, c’était une vraie première expérience de l’entreprise. On facturait des clients réels, souvent des entreprises, on avait une salariée en interne – la comptable – donc on ne pouvait pas faire n’importe quoi. On était certifiés ISO 9001, avec de vraies responsabilités. Ça permettait aussi de découvrir les talents et affinités de chacun : certaines de mes amies qui géraient les finances à l’époque sont aujourd’hui dans ce secteur. Côté missions, c’était très varié : études de marché, analyses quantitatives ou qualitatives, études stratégiques… Une vraie plongée dans le monde pro, avec ses enjeux concrets.



Vous aviez participé à une campagne de liste ?


Oui, pour la JE ! Aujourd’hui, le recrutement de la Junior Entreprise fonctionne plutôt comme un processus de sélection : entretiens, cas pratiques… c’est plus individuel et formel. Mais à l’époque, on créait le mandat en listant, dans une dynamique beaucoup plus festive. On se répartissait les rôles et on avançait ensemble. Avec le système des listes, forcément, tout le monde n’était pas investi de la même manière dans l’asso, mais justement, ça ressemblait beaucoup à la réalité du travail en entreprise : il y a ceux qui tirent le groupe, ceux qu’il faut remotiver… C’était très formateur sur le plan humain et collectif. Moi, je m’étais beaucoup investie pendant la campagne : je démarchais des sponsors pour financer les buffets et les soirées, comme le Crédit Mutuel qui nous avait payé un cocktail entier. C’était festif, mais il fallait aussi être crédible auprès des partenaires. Il faut dire que certaines campagnes pouvaient vite tourner au grand n’importe quoi, à tel point que l’administration avait envisagé de supprimer les assos… et c’est d’ailleurs dans ce contexte qu’est née la Corpo !



Les assos ont failli être supprimées ?


Effectivement ! À l’époque, la Corpo était née d’une mobilisation : les présidents d’assos s’étaient regroupés pour défendre la vie associative face à des décisions administratives qui risquaient de tout faire basculer. C’était vraiment un organe militant, un peu comme un syndicat, qui existait pour porter la voix des assos et rappeler à l’administration que sans elles, il n’y aurait pas vraiment de vie de campus. C’était très engagé. Aujourd’hui, ça a un peu changé, la Corpo est devenue une structure de coordination et de contrôle, avec des missions plus institutionnelles, notamment sur les enjeux de sécurité et de VSS. 



Quels conseils donneriez-vous aux étudiants aujourd’hui, notamment pour construire leur parcours ?


"Ce que je recommande vraiment, c’est d’oser aller vers les autres. Tout comme quand vous montez un projet entrepreneurial, il faut aller confronter votre projet à la réalité et en parler au maximum"

Ce que je dirais d’abord, c’est que les années d’études sont formidables, mais aussi pleines d’incertitudes. On a souvent l’impression que tout le monde a une voie tracée, alors que soi-même on est dans le flou, avec la peur de se tromper. J’ai moi-même mis du temps à trouver ma voie, et c’est tout à fait normal. Tant mieux si on sait dès 22 ans ce qu’on veut faire, mais sinon, ce n’est pas grave : on a toute une vie pour évoluer, se réinventer. Ce que je recommande vraiment, c’est d’oser aller vers les autres. Tout comme quand vous montez un projet entrepreneurial, il faut aller confronter votre projet à la réalité et en parler au maximum. Il ne faut pas hésiter à contacter des professionnels, des anciens de l’école ou des personnes dans un secteur qui vous attire. Pas seulement pour “demander un stage”, mais pour mieux comprendre un métier, un quotidien, un parcours. Dire : “Voilà ce que j’imagine de ce domaine, est-ce que c’est réaliste ? Qu’est-ce que vous me conseilleriez ?” — ça, c’est précieux. Aujourd’hui, avec LinkedIn, c’est beaucoup plus simple qu’avant. Et le réseau, ce n’est pas juste pour les “fils de” : ça commence par votre voisin de promo. C’est une toile qui se tisse à partir de relations simples, authentiques. J’interviens parfois dans des écoles pour faire cet exercice : chaque étudiant explique en une minute la direction qu’il veut donner à sa carrière et ce qu’il cherche. Rien que dans une table de huit, il y a toujours un lien à activer. C’est ça, le réseau : une posture d’ouverture, pas juste une stratégie d’opportunisme. Et paradoxalement, plus on l’active tôt et sincèrement, plus on est crédible le jour où on cherche un stage ou un job. On a tendance à le sous-estimer, mais échanger, pitcher son projet à une table de camarades, ça peut déjà faire émerger des opportunités. Le réseau, ce n’est pas seulement une carte à jouer au moment où on cherche un stage, c’est une dynamique à entretenir dès le début, dans un état d’esprit d’ouverture et de curiosité.



Pour revenir à votre parcours, quelle a été votre première expérience entrepreneuriale ?


L’entrepreneuriat m’a toujours attirée, notamment grâce à l’importance qu’en donne l’EM, même si cela me paraissait au départ assez inaccessible et intimidant face à des étudiants très avancés. En commençant ma vie professionnelle à Paris, le risque économique était trop important pour se lancer. C’est en arrivant à Lyon que j’ai commencé à concrétiser cette envie avec une amie, en lançant un projet de box visant à moderniser l’image des produits religieux et à toucher une clientèle familiale via un abonnement. Notre projet a intéressé beaucoup de monde et nous avons eu une proposition d'incubation, mais le modèle économique s’est révélé compliqué : les frais de port trop élevés et l’absence de réachat après la première box ont rendu le projet non rentable. Malgré cela, cette expérience a été très riche en apprentissages professionnels.



Comment a évolué votre parcours entrepreneurial après cela, et quelles leçons en avez-vous tirées ?


"L’entrepreneuriat ne rime pas forcément avec innovation révolutionnaire, il peut aussi s’agir d’améliorer un service existant avec sérieux et engagement"

Mon mari et moi avons lancé pendant le confinement un site de vente en ligne spécialisé dans le vestiaire masculin, inspiré de Vinted mais ciblant une niche spécifique : la mode sartoriale, c’est-à-dire les vêtements de tailleurs italiens ou français souvent coûteux et donc très présents en seconde main. Ce projet a rapidement fédéré une communauté, mais nous avons vite réalisé que la dimension technologique était un vrai défi : sans investissement important pour développer une application au niveau de l’ergonomie de Vinted, il était difficile d'être adopté par les usagers en restant sur du web. De plus, nous ne pouvions pas nous engager à 100 % financièrement devant assurer familialement, ayant 5 enfants ! Après deux ans, nous avons donc passé la main. Cette expérience nous a conduits ensuite à lancer un cabinet de recrutement, un secteur plus classique, mais où l’innovation consiste à faire mieux que les autres plutôt qu’à inventer le produit du siècle. Cette étape nous a permis de comprendre que l’entrepreneuriat ne rime pas forcément avec innovation révolutionnaire, mais qu’il peut aussi s’agir d’améliorer un service existant avec sérieux et engagement, ce qui correspond mieux à nos compétences et à notre équilibre personnel. Enfin, entreprendre nous a aussi permis d’inculquer à nos enfants une vision positive du travail, où l’effort personnel peut conduire à plus de liberté et d’épanouissement.



Le mot de la fin ?


  • Développez votre réseau, en commençant par les personnes qui vous entourent.

  • Osez aller vers les autres, notamment via LinkedIn, en échangeant avec des professionnels pour mieux comprendre leurs métiers.

  • Partagez et confrontez votre projet avec ces experts afin de le faire évoluer et gagner en maturité.

  • En entrepreneuriat, il n’est pas toujours nécessaire de chercher une innovation radicale; il peut être plus judicieux d’améliorer des activités déjà existantes en les optimisant. 

 
 
 

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