HUMANS OF EM - Florent Levavasseur
- Déclic
- 2 sept.
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Dernière mise à jour : 28 sept.

Tu as été très engagé dans la vie associative à l’emlyon. Qu’est-ce que ça t’a apporté?
Oui, j’étais directeur de course pour le Raid Hannibal, l’association qui organisait le Raid entre Lyon et Turin. C’était une aventure incroyable, à la fois humaine et logistique. On était en charge de 300 personnes sur quatre jours de course en montagne, avec des départs à 6h du matin, des transferts, des repas, des logements, des partenariats… Avec la commission « Parcours », on a défini le tracé puis géré le bon déroulé des épreuves. C’était très intense, et on nous faisait une vraie confiance. On partait en repérage dans les Alpes, gérait les budgets, les relations avec les sponsors, les collectivités… C’était presque une mini-entreprise.
Franchement, c’est l’expérience la plus professionnalisante de ma scolarité. J’ai appris à gérer le stress, à travailler en équipe, à anticiper les imprévus. Je pense que ça m’a presque plus formé que les cours.
Avec du recul, referiez-vous la même chose ?
Je referais sans hésiter le Raid. C’était une des initiatives associatives les plus engageantes proposées à l’emlyon. Si je devais changer quelque chose, ce serait de mettre dès le départ une dimension bas carbone au projet. À l’époque, on ne parlait pas encore de mobilité douce, d’éco-conception ou d’empreinte environnementale. Aujourd’hui, je pousserais pour travailler avec des entreprises de l’ESS, des territoires engagés, je réfléchirais à l’inclusion aussi. Mais bon, c’était il y a 20 ans, on manquait de formation sur ces sujets-là. Ce que je garde, c’est l’intensité collective, la gestion de projet dans des conditions réelles. Ça m’a marqué.
Après emlyon, vous partez en finance. Comment basculez-vous vers le développement durable ?
Après l’école, je pars près de dix ans en direction financière, à Paris puis New York. J’ai bossé dans un grand groupe, puis dans sa filiale nord-américaine. C’était tres formateur, j’ai appris à structurer un raisonnement, à manipuler des outils, à naviguer dans des contextes complexes. Mais au bout d’un moment, je sentais un décalage.
Le vrai déclencheur, c’est un congé parental de cinq mois en 2012. Je suis parti avec ma compagne et mes enfants faire un road-trip aux États-Unis et au Canada. Peu avant, je découvre le mouvement « 1% for the Planet » et BCorp, je rencontre des entrepreneurs locaux et engagés pour une économie plus responsable, je m’immerge dans un écosystème beaucoup plus engagé. Ça me fait réfléchir. Je me rends compte que je veux mettre mes compétences au service de projets à impact.
Ce n’est pas un virage brutal, plutôt une transition progressive. Déjà en 2005, j’étais parti en avec Planète Urgence pour créer des missions de bénévolat a l’étranger. Donc les graines étaient là. En rentrant en France en 2013, je rejoins Utopies, le cabinet pionnier en stratégie RSE et son positionnement et ses missions variées me conviennent vraiment bien depuis !
Chez Utopies, que faites-vous aujourd’hui exactement ?
Je pilote l’équipe ‘Climat et Territoires’. On travaille sur des projets avec des entreprises ou des collectivités : stratégies carbone, analyse d’empreinte économique, référentiel d’innovation responsable avec les équipes marketing…A titre d’exemple, nous venons par exemple d’accompagner l’ensemble de la Fédération française de football dans le calcul de son bilan carbone ainsi que la construction de sa stratégie carbone – passionnant !
Ce qui me plaît, c’est qu’on ne reste pas au niveau des grandes déclarations. On co-construit avec nos clients, on leur donne des outils pour avancer. C’est hyper stimulant, et on
sent qu’on peut faire bouger les lignes. On travaille aussi bien avec des PME que des grands groupes. Il y a une vraie envie de transformation, même si ce n’est pas toujours simple.
Et vous avez monté un programme MBA sur la communication responsable est-ce exact ?
Oui, j’ai fondé en 2020 à l’EFAP le MBA spécialisé Communication RSE. J’ai eu la chance d’avoir à date une centaine d’étudiants très engagés ! Je leur propose un contenu exigeant, professionnalisant, mais aussi aligné avec les vrais enjeux. Je fais intervenir des ONG comme Sea Shepherd ou Unicef, des entreprises, des experts de l’ESS. Le but, c’est qu’ils soient opérationnels et qu’ils puissent faire la différence dans le monde pro. Et surtout, qu’ils gardent leur lucidité ou leur sens de la nuance, parce qu’en RSE, on est vite confronté à du greenwashing.
Quels conseils donneriez-vous à un(e) étudiant(e) aujourd’hui ?
"La RSE, ce n’est surtout pas que de la communication et cela nourrit l’ensemble des stratégies des organisations."
Je dirais d’abord : sortez du cadre. Ne vous contentez pas des cours ou des assos. Créez aussi vos propres projets. Montez un événement à impact, faites un bilan carbone, organisez une opération de dépollution, prenez part à la vie de vos quartiers (démocratie participative, entraide, etc)
Ensuite : créez des ponts. Travaillez avec d’autres groupes, des collectivités, des associations. Par exemple, à Lyon, la Métropole a plein d’outils innovants pour accompagner les projets durables. C’est une chance.
Troisièmement : soyez crédibles. Formez-vous à la finance responsable, aux achats durables, à la stratégie RSE, à l’écoconception. La RSE, ce n’est surtout pas que de la communication et cela nourrit l’ensemble des stratégies des organisations.
Et surtout : osez chercher du sens. Moi, à partir d’un socle de finance, j’ai fait évoluer mes compétences au cours de ma carrière pour aller chercher plus de sens, en alignant mes valeurs et mon job, et c’est ce qui me donne de l’énergie.
Un mot de la fin ?
Il ne faut pas avoir peur de ne pas rentrer dans les cases. Le monde a besoin d’être remué pour s’adapter notamment aux conséquences drastiques liés au dérèglement climatique. Suivez vos intuitions. Soyez curieux, inventifs, et surtout, restez connectés à ce qui vous touche vraiment. C’est ça qui vous rendra utiles — et heureux.



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